HISTOIRE DU RHUM DE SES ORIGINES A NOS JOURS

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LA CANNE A SUCRE

Origines

D’après LUCAIN, le sucre était connu des anciens. Il leur était probablement venu de l’Orient.

Le Chevalier de TOUSSAC dans son livre intitulé « FLORE DES ANTILLES » signale que Sénèque et Pline ont aussi parlé du sucre. Mais on croit qu’ils ont désigné une espèce de miel ou de sucre cristallisé que l’on trouve sur les bambous, plutôt que le sucre de canne.

Une étude très intéressante du Colonel BOYER PEYRELEAU, sur les origines de la canne à sucre, figure dans son ouvrage sur les « ANTILLES FRANÇAISES, depuis leur découverte jusqu’à 1825 ». Nous y apprenons que SAUMAISE prétend que les Arabes savaient l’art de faire du sucre bien avant l’an 1000. Les cannes étaient connues en Judée et les Croisés trouvèrent en Syrie et à Tripoli, des roseaux « doux comme le miel », que l’on appelait ZUCRA, cultivés avec soin et manipulés pour en faire du sucre. ALBERTUS-AGNESIS rapporte que les Croisés prirent onze chameaux chargés de sucre.

Les Maures cultivaient la canne à sucre en Espagne d’où ils la transplantèrent aux Açores. Il est établi, qu’elle croissait naturellement aux Indes Orientales, en Morée et en Sicile. Le climat de Sicile ne lui convenant pas, ­ elle réussit mieux à Madère où le Prince HENRI LE NAVIGATEUR la transplanta.

En 1483, le Général de VIERA achevait la conquête îles Canaries au profit de l’Espagne. Il partagea les terres de ces Îles entre les soldats et les espagnols et y transporta la canne à sucre d’Espagne et de Madère. Cette plante connut un essor remarquable. Sa culture aux Canaries marque une étape importante dans l’extension progressive de la canne à sucre. C’est de là qu’elle fut introduite en Amérique et aux Antilles par CHRISTOPHE COLOMB, lors de son deuxième voyage à SAINT-DOMINGUE.

La qualité de la production sucrière de Saint­-Domingue devait concurrencer durement celle des Canaries dont les plantations, en moins d’un siècle, furent changées en champs de mais et de froment.

Le géographe allemand de BUCH mentionne à ce sujet : « On y cultive encore la canne, en quelques endroits et seulement pour fournir aux cloîtres des religieuses de la ville les matériaux nécessaires pour la confection de « leurs confitures … « 

Divers auteurs ont prétendu que la canne à sucre croissait naturellement en Amérique et aux Antilles avant qu’elle n’y fût introduite.

Ce point est discuté. Le Navigateur GAGES nous apprend, qu’en se rendant au Mexique en 1625, les Caraïbes de la Guadeloupe – où sa flotte séjourna le 20 août pour faire de l’eau – lui présentèrent des cannes à sucre et divers fruits.
D’autres voyageurs disent que la canne croissait sans culture et d’une grandeur extraordinaire sur les rives de la Plata de Janeiro et du Mississipi.
C’est aux Portugais et aux Espagnols que nous secret d’en extraire le sucre. Nous leur avons appris en échange, celui de le raffiner.

Les Français commencèrent à faire du sucre à la Guadeloupe en 1644 et un peu plus tard à la Martinique qui doit à Benjamin DACOSTA l’introduction de la culture des cannes. La canne de Batavia importée de l’Inde, plus grosse et plus juteuse fut bien vite préférée à la canne créole. Mais l’une et l’autre · devaient le céder à la canne de Taiti, déjà connue à l’île de France et que l’Intendant FOULLON fit venir à ses frais, de l’Inde à la Martinique, en 1789.

Afin de mieux apprécier l’initiative de FOULLON, il est utile de se reporter plus d’un siècle et demi en arrière, à une époque où les voyages de l’Inde à la Martinique réservaient aux vaisseaux qui les entreprenaient de multiples risques.

FOULLON devait subir une forte émotion à l’arrivée du navire porteur des plants de canne – et divers arbustes précieux dont un mangoustan qu’il avait également fait venir.
La longueur de la traversée, les différences de climats expliquent que la plupart de ces plants arrivèrent déjà morts. Ce ne fut qu’avec beaucoup de peine que FOULLON préserva un plant de canne, qu’on lui remit en très mauvais état, mais qu’il réussit à sauver et dont l’espèce l’emporta bientôt sur toutes les autres, par sa hauteur, sa grosseur et sa qualité.

Il eut été regrettable dans cet exposé de ne pas relater le bel exemple de volonté et d’esprit d’entreprise que constitue l’initiative désintéressée de l’intendant FOULLON.

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