HISTOIRE DU RHUM DE SES ORIGINES A NOS JOURS

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LE RHUM,

Il est probable que la fabrication du rhum suivit de très près l’établissement des Européens en Amérique.

Dès 1635 les Directeurs de la « Compagnie des Isles » en engageant les colons à la culture de la canne à sucre, devaient favoriser le développement de la très importante industrie sucrière dont l’utilisation des sous-produits devait à son tour entrainer les colons à fabriquer du rhum. Le Père Dominicain Jean-Baptiste LABAT ainsi que d’autres auteurs, ont longuement décrit la fabrication de l’eau-de-vie tirée de la canne et que l’on appelait alors « guildive ».

Le Père LABAT écrit :
« L’eau-de-vie qu’on tire des cannes est appelée sauvages et les nègres l’appellent tafia. » Ce passage du Père LABAT prouverait que le mot de « guildive » est né parmi les colons français tandis que « tafia » appartient aux indigènes. Ce mot proviendrait de « guiller » « fermenter », soit encore de « geler » terme populaire pour « jaillir » et « dive » forme corrompue de « diable ».

L’écrivain anglais SLOANE en a donné l’étymologie suivante : « guildive » dit-il, vient de « Kill-devil » (tue- diable).

Quant au mot « rhum » son origine est obscure. D’après les uns il serait dérivé du mot malais « Brum » qui signifie « boisson fermentée. D’autres émettent l’hypothèse facile que « Rum » représenterait la dernière syllabe de « Saccharum » nom latin de la canne à sucre.

La consommation de ce produit s’effectua d’abord sur place.

Sa fabrication ne bénéficiait pas encore des très grands progrès qui devaient en améliorer la qualité. Les vertus bienfaisantes de cette eau-de vie naturelle étaient pourtant déjà reconnues. Le Père LABAT dit « On ne donne aux nègres que de l’eau pour boissons mais comme elle n’est pas capable de les soutenir dans un long travail, un maitre qui prend soin d’eux, y ajoute soir et matin, un verre d’eau-de-vie de cannes, surtout lorsqu’ils sont employés à quelques exercices extraordinaires, ou lorsqu’ils ont souffert de la pluie. »

Un peu plus loin :
« Les nègres des sucreries font une boisson qu’ils appellent « Grappe ». C’est du jus de canne qu’ils prennent lorsqu’il est bien écumé, et dans lequel ils mettent le jus de deux ou trois citrons. Cette liqueur, qui se boit chaude, est d’un excellent usage pour la poitrine ; elle soutient, elle désaltère. En un mot, elle produit l’effet du meilleur bouillon. »

Mais le progrès cheminant, Il se dessina une technique de distillation particulière au rhum. Il faut saluer ici l’œuvre immense accomplie par le Père LABAT. Grâce à lui, ne tardèrent pas à être introduits des appareils de distillation à peu près semblables à ceux utilisés en Charente, mais qu’il sut rénover et adapter parfaitement à la distillation du rhum.

Le guildive et le tafia n’eurent pas droit de cité en France dès l’origine, et une déclaration du roi en interdisait même la fabrication et le commerce des eaux-de-vie de canne, afin de sacrifier tout au commerce important des eaux-de-vie de vin. En un mémoire royal devait encourager les planteurs à établir des guildiveries. Enfin, la loi du 8 Floréal, An X, admit l’entrée en France des tafias des colonies françaises.

Il existe deux sortes de rhum :

Le rhum produit directement à partir du jus de la canne par les distilleries,

Et,

Le rhum issu de la fabrication du sucre et produit par les rhumeries des grandes sucreries.

Il est à remarquer que les rhums issus de la fabrication du sucre de canne tirent, certainement, des vertus reconnues à ce sucre, les qualités thérapeutiques et de dégustation qui ont fait leur réputation. Ils représentent d’ailleurs 80% des rhums alimentant la Métropole.

Au cours de son premier séjour sur place, dans fûts en chêne spécial, le rhum subit un vieillissement comparable à celui constaté en France sur des eaux-de-vie trois ou quatre ans. Son bouquet primitif augmente en puissance et en finesse et sa saveur devient plus moelleuse et plus douce.

Les compagnies de navigation assurent, par des services réguliers, le transport vers la métropole des productions d’outre-mer. Chaque expédition est assortie d’un certificat de contingent attestant le droit du producteur et un certificat d’origine prouvant qu’il s’agit bien d’un rhum en provenance de tel ou tel centre de production.

Aucun produit n’est davantage protégé contre la fraude et le consommateur est certain de l’authenticité du rhum qui lui est présenté et de sa qualité de produit naturel.

Dans certains pays la vente de « rhum fantaisie » « rhum imitation » est tolérée. En France, rien de semblable. Une loi formelle précise que ne peuvent être vendus sous la dénomination rhum que les rhums d’origine, sans addition d’aucun autre spiritueux.

Des rapports étroits et amicaux unissent en général le producteur de rhum avec son client, le Négociant-Importateur. Ce dernier doit savoir choisir entre les rhums qui lui sont proposés, telles ou telles qualités, fixer les quantités les époques auxquelles il désire recevoir ses marchandises. Autant de problèmes qui paraissent simples à première vue mais qui, en fait, soulèvent de nombreuses difficultés.

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